Annie Leuridan
Accueil du site > Recherche > Prendre son temps : Éloge de la lumière

15 et 16 décembre 2011 La Condition publique – Roubaix

Prendre son temps : Éloge de la lumière

voir en ligne - http://www.selfworld.net/room_events/52 lire le tweet - https://twitter.com/# !/sociographie

L’histoire des théories de la lumière. Bernard Maitte - http://chse.univ-lille1.fr/pagesper...

La lumière dans le paysage. Laurent Fachard - http://www.ace-fr.org/art_membres.p...

Arts vivants : pour une dramaturgie de l’’espace, la lumière comme langage Mylène Benoit et Annie Leuridan - http://mylene.benoit.free.fr/ + Aurélie et Pascal Baltazar - http://www.baltazars.org/

Arts plastiques : la lumière comme matière même de l’’œuvre. Tomek Jarolim - http://www.tomek.fr/ + Antoine Villeret - http://antoine.villeret.free.fr/

Introduction générale La lumière est la condition du visible La lumière est notre quotidien. Tellement inscrite dans le rythme du temps et de l’’espace que nous pourrions ne pas nous apercevoir comment elle agit sur les corps. La lumière naturelle est préalable à toute forme de vie, au même titre que l’’eau et l’’air.

Sans lumière, pas de vie humaine sur notre planète. En jouant un rôle déterminant dans les processus de croissance du monde vivant et notamment en permettant l’’augmentation de la biomasse, la lumière transforme l’’espace. A partir du rayonnement solaire, les végétaux séparent le gaz carbonique et l’’oxygène qu’’ils nous restituent, oxygène qu’’à notre tour nous transformons en gaz carbonique. C’’est la photosynthèse, cycle qui instaure le prototype même de l’’échange social.

La lumière intervient aussi sur la perception physique de ce monde évolutif. La perception chez les hommes s’’effectue par la peau - provoquant le développement de la mélanine. C’’est le bronzage ou le coup de soleil. La perception physique s’’opère par l’œil, outil de perception des ondes, origines et conditions de l’’organe de la vue.

Et influe sur la nature des regards –subjectifs.

Voir n’’est pas regarder. La représentation prime la perception. La lumière physique permet de distinguer les objets, la lumière mentale permet de les organiser. La vue d’’une lumière traversant un vitrail, procure une émotion esthétique instantanée.

Un petit matin ensoleillé ne nous invite pas au même réveil qu’’un ciel brumeux et gris. Une traversée de lumière entre les arbres d’’une forêt sombre confère à la promenade un brin de poésie. La lumière donne mille visages à ce paysage que nous traversons quotidiennement et imprime un autre temps que celui de la lenteur de la transformation de cette forêt qui nous semble immuable. Car elle est toujours en mouvement, agit par le vent et les éléments qui lui font obstacle. Le mouvement de la terre sur elle même et autour du soleil, le déplacement des sources nuageuses, créent un rythme et des variations lumineuses. Cette fluctuation dans l’’intensité de la lumière offre différentes perceptions d’’un même espace et influence le comportement. La lumière du soleil n’’est ni constante ni uniforme. La hauteur du soleil, les nuages, la pollution autant de facteurs qui affectent cette source naturelle de lumière et rendent les variations possibles infinies. Et il faut aussi retenir que la température de couleur – variant du froid au chaud – varie aussi en fonction du moment de la journée. A l’’aube, les tons sont plutôt froids et bleutés.

Et être en état de voir, ressentir cette transformation demande d’’avoir l’’œil tout ouvert, perméable à ce que la lumière nous offre de spectacle perpétuel.

La lumière donne à l’’espace son corollaire –l’’ombre et c’’est dans leur danse que nait l’’espace.

Pour aborder le lien intime entre voir et ce que voir veut dire, nous avons choisi un parcours qui passe par l’histoire de la lumière et de sa perception et les différents offices de la lumière dans les Arts.

Lumière et paysage

Bien plus qu’’à la valorisation des villes, l’’éclairage urbain étend son champ à la création de paysages nocturnes. Qu’’il s’’agissent d’’événements - la Fête des Lumières à Lyon - ou d’’installations pérennes, la lumière est une composante à part entière de l’’aménagement - à l’’échelle d’’un bâtiment, d’’un quartier, d’’une ville. Les techniques ne cessent d’’évoluer, offrant des moyens dits « développement durable », les savoir faire s’’en trouvent modifiés. L’’intervention d’’éclairagistes de spectacle ou d’’artistes plasticiens a renforcé la place de la lumière dans la conception des paysages. La lumière peut organiser la nuit, dessiner la silhouette d’une ville, guider le passant, valoriser un monument, permettre la fréquentation nocturne de parcs et de jardins.. S’’agit-il pourtant uniquement d’’une « cerise sur le gâteau » de l’’aménageur ou d’’un véritable outil de lutte contre le sentiment d’’insécurité ? Les exigences actuelles de « développement durable » vont-elles inverser la tendance d’’une totale visibilité ?

Lumière et arts plastiques D’après La lumière dans l’’Art depuis 1950 (Charlotte Beaufort) De la lumière représentée à la lumière réelle : vers l’’autonomisation d’’un médium.

La lumière est depuis quelques décennies un médium à part entière. Pourtant il serait faux de penser qu’’elle fait son apparition dans les arts visuels depuis l’’avènement de l’’électricité. La place de la lumière évolue au cours des siècles dans un très riche rapport que la lumière entretient avec la peinture. Elle constitue même un aspect essentiel de la définition de certains styles majeurs (dans la peinture vénitienne, le développement du clair-obscur, l’’intérêt pour la lumière d’’un Rembrandt ou d’’un Vermeer ou dans les techniques impressionnistes). On verra dans la peinture vénitienne et la peinture flamande deux conceptions différentes de sa représentation. Tandis qu’’en Italie, les peintres s’’évertuent à la représenter dans toute l’’immatérialité de ses effets (modelé – gradation de la lumière - et relief, contraste de la lumière), les peintres Flamands s’’attachent à reproduire avec finesse le détail des moindres effets de lumière révélés par la matière (éclat, lueur, reflets, transparence, translucidité, lustre, miroitement..).

Mais elle est avant tout la condition du visible. Sans lumière, le visible n’’est pas. Non seulement la lumière éclaire mais c’’est aussi de son altération que naissent les sensations de couleur et d’’espace. La lumière donne à l’’espace son corollaire – l’’ombre et c’’est dans leur danse que nait l’’espace.

Lumière et arts vivants Adolphe Appia : « La lumière est d’’une souplesse presque miraculeuse. Elle possède tous les degrés de clartés, toutes les possibilités de couleurs, telle une palette ; toutes les mobilités ; elle peut créer les ombres, les rendre vivantes et répandre dans l’’espace l’’harmonie de ses vibrations exactement comme le fait la musique.

Dès les années 80, le théâtre emprunte les HMI et autres sources dites « lumière du jour » au cinéma pour donner un plus grand réalisme sur les scènes. Qui n’’a pas le souvenir de cette lumière traversant les volets d’’un décor pour nous indiquer l’heure du jour dont il s’’agit ? La lumière affirme alors sa présence, pour ce qu’’elle apporte au sens et à la création d’’espace. Elle glisse doucement d’’un état à un autre, proposant une fluidité propre à l’’écoulement du temps théâtral. Elle est souvent cycle. Lorsqu’’elle marque une rupture franche par un « noir » sec, c’’est souvent pour nous signifier le passage d’’un acte à un autre, d’’une scène à la suivante. Cette lumière est souvent très faiblement colorée, tout juste chaude ou froide. Puis la lumière a besoin de mouvement. Les projecteurs asservis sont alors mis au point. Utilisés massivement dans les spectacles de showbiz, Ils sont trop bruyants pour la danse ou le théâtre. Certaines tentatives de les utiliser sont uniquement pour soutenir un interprète comme le ferait une poursuite. En showbiz, on rivalise alors de complexité pour affirmer des espaces extrêmement colorés, des espaces extrêmement architecturés - la fumée soulignant des faisceaux très marqués. La lumière est illustration musicale. Le mouvement est dans toutes les têtes. On aime que la lumière bouge et rythme l’espace. Comme glisse la lumière du soleil perturbée par le passage de nuages dans un ciel.

Les intervenants

Bernard Maitte est Professeur émérite d’Histoire des Sciences et Épistémologie à l’Université de Lille1, dont il a dirigé le Centre d’Histoire des Sciences et d’Épistémologie. Il a également créé et dirigé le "Forum des Sciences" à Villeneuve d’Ascq. ll a reçu le prix Jean Rostand de vulgarisation scientifique pour le livre « La lumière » (Seuil, Points-Sciences).

Depuis 1973, Laurent Fachard développe son savoir faire en collaboration et au service de nombreux créateurs : réalisateurs, metteurs en scène, chorégraphes, musiciens, plasticiens, architectes, paysagistes et urbanistes. En 1989, il fonde un Atelier d’éclairage indépendant "Les Éclairagistes Associés", atelier de création et bureau d’étude technique d’éclairage dans les domaines du Bâtiment et des Infrastructures, notamment les espaces publics. C’est dans ces approches transversales, toujours avec le même matériau, qu’il puise son imagination et qu’il fonde sa maîtrise de l’éclairage. En 1995, il participe à la création de l’Association des Concepteurs Lumière et éclairagistes indépendants français (A.C.E), dont il est un des membres fondateurs et actifs

Mylène Benoit fonde la compagnie Contour Progressif en 2004 à l’issue d’une formation universitaire (Beaux Arts & Pratique des médias contemporains) à Londres et à Paris, puis au Fresnoy, Studio national des arts contemporains. Elle expose à Londres, Paris, Shanghai, Nantes, Tourcoing. En 2008-2009 elle participe au programme Transforme à l’Abbaye de Royaumont. Ses créations chorégraphiques – Effets Personnels (2004) Effet Papillon (2007), La Chair du monde (2009), ICI (2010) - sont en tournée en France, en Belgique, en Allemagne et au Brésil. Elle est artiste associée au Vivat d’Armentières depuis septembre 2011.

Aurélie et Pascal Baltazar collaborent depuis 2006 à la création de formes dramaturgiques hybrides à l’intersection du sonore, du textuel et du scénique, alliant et déplaçant ainsi leurs pratiques respectives (écriture et composition) pour créer une écriture commune. Leur démarche, dans le cadre du spectacle vivant, est de proposer un théâtre plastique, « théâtre d’espaces » dont les matériaux – la lumière, le son ainsi qu’une scénographie en mouvement – visent une véritable écriture du plateau. En parallèle, ils préparent une série d’installations in situ où, similairement, les matières lumineuse et sonore sculptent les espaces. Leur préoccupation, à travers ces diverses formes d’expression, est la conception d’univers sensibles travaillant sur l’attente, la fragilité, la suggestion…

Tomek Jarolim, de ces études en informatique à l’IUT, garde un goût prononcé pour la logique du codage qu’il développe à l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, où il obtient le DNSEP avec les félicitations du jury en 2009. Il y crée notamment des installations interactives et sonores. En 2008, Tomek Jarolim transpose son univers numérique et coloré pour la scénographie de Shades of White, conçu sur une chorégraphie de Bruno Péré. La même année, il part au School of the Art Institute de Chicago, où il se concentre principalement sur un travail sonore. En 2009, il expose Invisibles, une installation générative sur écrans, à la 14e Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée et à l’exposition « Tout Doit Apparaître », qui lui permettront d’engager un nouvel axe de travail plus sensoriel. Il développe cette piste pour une adaptation de l’opéra Ring-Saga d’après Wagner dans une mise-en-scène d’Antoine Gindt cette année.

Antoine Villeret : Parallèlement à son cursus musical au CNR de Chalon-sur-Saône (composition électroacoustique et trombone), il s’intéresse aux techniques du son et entre à l’ENS Louis Lumière en 2006. Très tôt il se passionne pour le spectacle vivant faisant appel à la technologie. Depuis 2005, il intervient sur des projets mêlant art et technologie en se spécialisant dans la programmation d’application temps réel. Il a collaboré avec Thierry Coduys, l’ensemble Aleph, la Cie les Choses de Rien dans des tâches allant du développement d’un séquenceur de spatialisation à 48 voix au pilotage de robots pour le spectacle de rue. Depuis 2009, il s’est spécialisé dans les dispositifs de visions par ordinateur et le mapping vidéo temps-réel.

Sophie Tible Cadiot est en troisième année de doctorat en arts du spectacle, à l’Université Stendhal Grenoble 3, sous la direction de Luc Boucris. Ses recherches portent sur la mise en scène des effets abstraits de la lumière dans le théâtre contemporain. Ancienne élève de l’ENS Cachan et agrégée d’arts appliqués, elle enseigne en tant qu’allocataire monitrice normalienne à l’Université Stendhal Grenoble 3. Ses rencontres avec des chorégraphes et metteurs en scène l’ont amenée à signer deux créations lumière. Attirée par l’idée de mener une réflexion sur la danse, elle s’est inscrite en parallèle de sa thèse, en Master 2 Danse, à l’université Paris 8, sous la direction de Julie Perrin. Elle y mène une recherche sur la relation entre lumière et conscience corporelle

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0